Rejet des eaux traitées de Fukushima dans l’océan : le Japon lance la troisième phase

Le Japon vient de démarrer la troisième phase du rejet en mer des eaux traitées de la centrale accidentée de Fukushima alors que Pékin et Moscou ont restreint leurs importations japonaises en signe de protestation.

Au total, le Japon prévoit de déverser dans l’océan Pacifique plus de 1,3 million de m3 d’eau traitée de Fukushima, soit l’équivalent de 540 piscines olympiques. Reuters
Au total, le Japon prévoit de déverser dans l’océan Pacifique plus de 1,3 million de m3 d’eau traitée de Fukushima, soit l’équivalent de 540 piscines olympiques. Reuters

Le Japon vient de démarrer ce jeudi la troisième phase du rejet en mer des eaux traitées de la centrale accidentée de Fukushima. Cette phase, qui doit permettre le rejet de quelque 7 800 tonnes d’eau, devrait durer environ 17 jours.

Le Japon a déjà commencé, le 24 août, à évacuer dans l’océan Pacifique l’eau utilisée notamment pour refroidir les cœurs des trois réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima qui étaient entrés en fusion après le tsunami de 2011.

Cette eau a été longtemps stockée dans d’immenses citernes sur le site de la centrale. Elle a été traitée à l’aide du système ALPS (« Système avancé de traitement des liquides ») pour la débarrasser de ses substances radioactives, à l’exception du tritium, un radionucléide qui n’est dangereux qu’à de très hautes doses concentrées selon des experts. C’est la raison pour laquelle l’eau est diluée avec de l’eau de mer avant d’être évacuée dans l’océan Pacifique, afin que son niveau de radioactivité ne dépasse pas le plafond visé de 1 500 Bq/L, soit un niveau 40 fois inférieur à la norme japonaise pour ce type d’opération.

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Ce procédé a été validé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Au total, le Japon prévoit en tout de déverser dans l’océan Pacifique plus de 1,3 million de m3 d’eau traitée de Fukushima, soit l’équivalent de 540 piscines olympiques mais de manière extrêmement graduelle, jusqu’au début des années 2050, selon le calendrier actuel.

Protestations de la Chine et de Moscou

Reste que ces rejets ont provoqué une crise diplomatique entre le Japon et la Chine. Fin août, Pékin a suspendu toutes ses importations de produits de la mer japonais avant d’être que la Russie prenne les mêmes mesures. Or, cette interdiction chinoise a particulièrement impacté les pêcheurs de coquilles Saint-Jacques de l’île septentrionale d’Hokkaido, à quelque 500 kilomètres au nord de la centrale de Fukushima, dont l’économie dépend des usines chinoises pour décortiquer les mollusques.

Dimanche dernier, les ministres du G7 (France, Japon, États-Unis, Canada, Allemagne, Italie, Royaume-Uni), réunis à Osaka, ont demandé « l’abrogation immédiate de toutes les mesures qui restreignent inutilement le commerce », notamment les importations de produits alimentaires japonais en visant sans les nommer Pékin et Moscou. « Il est important que les restrictions à l’importation de produits alimentaires soient fondées sur des données scientifiques » et conformes aux règles internationales, a affirmé le G7.

À l’inverse, les États-Unis ont annoncé augmenter leurs achats de produits de la mer japonais notamment pour alimenter les quelque 110 000 personnels militaires américains basés au Japon. « La vente de produits de la mer japonais aux économats des bases américaines permettra de contribuer à contrebalancer l’embargo arbitraire et injuste de la Chine » sur ces produits, a souligné l’ambassadeur Rahm Emanuel dans un communiqué. Les économats de la base américaine de Yokota ont déjà reçu ce mardi un premier lot de coquilles Saint-Jacques en provenance de l’île d’Hokkaido (nord) dans le cadre d’une première commande de près de 900 kg, a précisé l’ambassade.