« Pour que ça fonctionne, il faut être flemmard et efficace » : se faire à manger, c’est pas (si) compliqué

Quand on s’installe chez soi, à un moment, on peut en avoir marre de manger des pâtes ou du riz. Mais comme toute chose, faire à manger ne s’improvise pas, s’apprend et nécessite d’anticiper un peu. Déborah Dupont-Daguet, qui vient de publier « Le petit manuel pour savoir cuisiner », vous donne ses conseils pour ne pas être découragé dès le premier plat maison.

Déborah Dupont-Daguet vient de publier Le petit manuel pour savoir cuisiner. Elle nous donne ses conseils pour ne pas se décourager. Laurent Fau pour Studio Les Fleurs
Déborah Dupont-Daguet vient de publier Le petit manuel pour savoir cuisiner. Elle nous donne ses conseils pour ne pas se décourager. Laurent Fau pour Studio Les Fleurs

Retour de soirée, sortie des cours, week-end chill… Autant de situations où ouvrir son frigo et ne pas savoir quoi manger peut vous sembler désespérant. Sauf que, parce qu’on a jamais appris, parce qu’on n’a pas anticipé l’existence même du dîner, on peut vite se retrouver démuni et manger tout le temps la même chose. Heureusement, certains sont déjà passés par là et ont le recul et l’expérience pour vous aider à vous y prendre. C’est le cas de Déborah Dupont-Daguet, qui tient la librairie Gourmande à Paris, et qui vient tout juste de sortir « Le petit manuel pour savoir cuisiner ». Elle nous donne ses conseils.

Comment on se lance quand on ne sait rien faire (ou presque) ?

Pour que ça fonctionne, il faut être flemmard et efficace, il faut avoir un bon résultat du premier coup, parce que sinon ça saoule de devoir refaire ! On a besoin d’un minimum d’idées, de compétences et de connaissances. Des pommes de terre ? On écrase du beurre, on les conserve au frigo, on les fait sauter en fritata, etc. Pareil avec les pâtes. Les gens ont parfois l’impression de tout le temps de manger la même chose, mais non, on fait cuire les produits bruts, on les garde au frigo pour les réassortir avec des choses différentes.

Donc on se lance avec un minimum d’investissement. En temps d’abord, car effectivement ça prend plus de temps d’éplucher les carottes que d’en acheter des râpées toutes faites. Mais c’est une question d’organisation, il faut admettre qu’on n’est pas obligés de cuisiner tous les jours son repas avant de le manger. On ne fait pas nos courses tous les jours, on n’achète pas une carotte ou un demi-concombre, il faut du temps, de l’organisation et de la préparation, notamment pour des cuissons un peu longues comme les lentilles ou des légumes rôtis au four, un petit plat en cocotte.

Aussi, il ne faut pas cuisiner un repas ou une portion, mais toujours pour plus. Tu ne vas pas faire 60 g de lentilles, mais plutôt deux ou trois portions : une pour le jour même, une pour en faire une salade, une autre pour le surlendemain. C’est économique d’un point de vue énergétique, car on chauffe une seule fois avec la plaque électrique, et ce sont des économies de vaisselle.

Comment viennent les idées ?

Elles se trouvent dans les bouquins, on peut se faire un petit cahier avec les recettes fétiches qu’on dégaine quand on en a besoin ! On teste et on accepte de se tromper. On met dans des boîtes hermétiques pour les conserver au frigo donc on doit connaître les durées de conservation. On a un principe général. Par exemple, une quiche c’est une pâte, l’appareil, qui doit être équilibré, et ensuite on décline, on en fait une au saumon, une autre aux brocolis. Il y a les techniques de base et une fois qu’on a compris le principe, on peut décliner.

Quelles sont les façons de ne pas se décourager ?

Il ne faut par exemple pas hésiter à démarrer en utilisant pour une recette une partie toute faite, qu’on achète. Pour sa première quiche, il n’y a aucune honte à acheter une pâte brisée au supermarché. Pareil pour le bouillon de légumes, on a le droit de s’en servir. On peut tout à fait faire de l’assemblage en kit !



Ensuite il faut faire selon sa cuisine : est-ce qu’on a un four, des plaques ? Comment on est équipé, quels sont nos goûts perso, la cuisine qu’on a eu l’habitude de manger quand on était petit ?

Ce qui est simple pour certains peut paraître compliqué pour d’autres. Ceux qui ont connu les plats mijotés savent comment faire et ont quelques petites règles de base : faire cuire doucement, longtemps. Alors que la poêlée, c’est simple mais ça peut demander plus d’attention, il va falloir rester devant la poêle et vérifier la cuisson.

Il n’existe pas de recettes simples ?

Il n’y a pas de règles générales, mais certaines choses sont simples : l’omelette aux herbes, l’escalope de poulet à la crème par exemple, les saucisses à la tomate aussi ; c’est une boîte de tomates pelées, des chipolatas et c’est tout. L’œuf cocotte aussi, c’est simple. Mais le mieux, c’est la plaque de légumes au four : elle cuit pendant que tu peux regarder une série sur Netflix ! Par contre, tu ne cuisines pas pour le soir même, ça veut dire qu’en rentrant, tu dois ouvrir ton frigo, et sortir des petites boîtes d’aliments déjà cuits.

Inutile de se lancer dans des trucs totalement waouh ?

Non car quand c’est compliqué, on ne peut pas anticiper le résultat, on n’a jamais vu faire, jamais réellement goûté, je ne conseille pas forcément de démarrer par là. Quand tu commences le piano, tu apprends d’abord le solfège pour déchiffrer et tu fais des gammes, en cuisine c’est pareil, les apprentis, on leur fait éplucher les oignons, ils ne commencent pas par les sauces.

La polenta, un plat confort à regarder devant une série sur Netflix. David Japy
La polenta, un plat confort à regarder devant une série sur Netflix. David Japy

Pour faire des endives au jambon, on peut faire une béchamel, c’est un quart d’heure. Ou alors acheter une brique de crème, si c’est la première fois, ça aura un goût d’endive et un goût de jambon et ce sera mieux que la barquette toute faite. C’est compliqué quand on n’a pas vu ses parents soit faire, soit montrer comment faire et qu’on a débarqué alors que tout est prêt sur la table : on n’a pas conscience de l’organisation en cuisine !

Il faut lire l’intégralité de la recette, un peu comme dans une explication de texte en français ou en histoire : on ne commence pas juste après avoir lu la première ligne. Il vaut mieux perdre cinq minutes à lire le déroulé de la recette.

Mais ça coûte cher de se faire à manger ?

Le principal truc à avoir en tête, c’est le réflexe du prix au kilo et donc perdre cinq minutes au supermarché pour comparer les prix au kilo et pas ceux des paquets : la barquette de jambon peut être plus chère que les produits à la coupe. Ce qui peut faire peur, c’est que l’artisan face à nous ait la main lourde et en demandant un steak, qu’on se retrouve avec 150 g au lieu de 110. Mais en étant précis dans la demande, c’est mieux.

Aussi, je fais en fonction de ce que je trouve. L’an dernier, j’ai vu des choux-fleurs à 4,95 euros pièce. Mais non, je ne fais pas de chou-fleur à ce prix-là ! C’est là qu’on revient au minimum de cartes en main pour faire ses courses. C’est plus facile d’improviser par rapport aux produits qu’on trouve : tu as des courgettes en promo, achète des courgettes ! Tu rentres, tu regardes dans tes bouquins, sur Internet et tu travailles aussi ton idée des proportions pour ne pas trop acheter et jeter. On reste souple par rapport à la météo et aux promos. Ça demande de l’agilité et d’accepter d’y passer un peu de temps, mais c’est comme ça qu’on fait des économies.

On peut aussi faire des économies en achetant des produits à cuisson longue ou en végétalisant ses assiettes. Des lasagnes avec 500 g de viande hachée coûtent plus cher que celles avec 200 g auxquelles on a ajouté plus de tomates ou des lentilles. Pareil, le couscous, on n’a pas besoin de mettre beaucoup de viande, mais un bouillon de légumes et des légumes qui donnent du goût à la semoule.



Il ne faut pas hésiter à s’approvisionner dans des boucheries halal où ma viande est moins chère, pareil dans certaines épiceries de quartier pour les fruits et légumes, le riz, les boîtes de concentrés de tomates, les légumineuses.

Peux-tu donner trois recettes accessibles ?

Le bol réconfortant avec la polenta, en divisant les quantités. Une céréale, un mélange de légumes, c’est équilibré, c’est réconfort, c’est consistant et ça se mange en regardant une série. La plaque de légumes rôtis, c’est 3 ou 4 repas faciles en une seule étape. Tu mets la boîte au frigo et tu cuisines ensuite une fois avec des lentilles, une autre fois des pois chiches ou des pâtes. Si tu ajoutes du thym et de l’huile, ça aura une saveur méditerranéenne, de la harissa, ça sera pimenté et relevé, ou de la sauce soja, pour le côté asiatique. Et ce sont les mêmes légumes.

Et pour les desserts ?

La pomme au four ! Un gâteau au yaourt aussi, pour le petit-déjeuner et si à la fin il est un peu rassi, émietté avec des fruits frais, c’est très bon. Les bananes au chocolat, les abricots de fin de marché poêlés avec un peu de sucre, ou revenus dans du beurre pour faire de la compote. Ça se mangera avec du fromage blanc ou du gâteau émietté, ou un palet breton !

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