Musées, RER B, soirée raclette, ville de l’amour... trois étudiants étrangers nous ont raconté leur Paris

Depuis 1925, la cité universitaire internationale de Paris accueille des étudiants du monde entier. On s’est demandé pourquoi les étudiants choisissent Paris et les impressions que leur laisse la ville. Témoignages.

Les étudiants étrangers
Les étudiants étrangers

Calé entre le parc Montsouris et le périphérique parisien, le campus verdoyant de la cité universitaire internationale abrite 43 immenses bâtisses et 6800 logements pour les étudiants et les chercheurs de France et du monde entier. Imaginée juste après la première guerre mondiale, la Cité universitaire internationale devait participer à la construction d’un monde en paix en favorisant les échanges internationaux.

L'entrée de la cité universitaire internationale à Paris dans le 14e arrondissement.
L'entrée de la cité universitaire internationale à Paris dans le 14e arrondissement. Sandrine Chesnel

Un lieu idéal pour aller interroger les étudiants étrangers sur les raisons qui les ont poussées à choisir la France pour étudier et ce qu’ils retiennent de Paris après leurs premières semaines ici. Tracy, Aida, et Seowhan font partie des heureux habitants de cette cité pas comme les autres.

Tracy, 21 ans, libanaise, en Master 1 de biologie moléculaire et cellulaire à Sorbonne Université

Après un bachelor de biologie décroché à l’université Saint Esprit de Kaslik, au Liban, Tracy avait très envie de partir faire son master à l’étranger, « pour être indépendante et vivre de nouvelles expériences ». Maîtrisant déjà le français après avoir fait ses études secondaires dans une école franco-libanaise, elle est à l’époque très attirée par Paris, « The city of love », plaisante-t-elle. Le choix de la France s’impose alors assez vite.

Depuis qu’elle a posé ses valises il y a trois semaines à la Maison du Liban, Tracy a déjà visité de nombreux musées et monuments et découvert les aspects moins plaisants de la vie parisienne : « Pour aller à mon université, sur le campus Pierre et Marie Curie, je dois prendre le RER B, c’est un peu sale et il y a vraiment beaucoup de gens ».

Le RER n’est pas son seul sujet d’étonnement. Tracy est aussi étonnée par le comportement des étudiants français dans son master : « Quand c’est l’heure de la fin du cours, à la minute près, ils se lèvent tous pour partir, même si le professeur parle encore, ce qui n’est pas très respectueux ». À l’inverse, la jeune libanaise a été surprise de l’accueil qui lui a été réservé en arrivant en France : « Tous les Français que j’ai rencontrés sont très patients avec moi, me disent de prendre mon temps quand je parle et que je cherche mes mots, ils sont vraiment gentils. »

Tracy, qui a obtenu une chambre à la Maison du Liban, en est ravie. « C’est comme une seconde famille, ici je me sens un peu comme chez moi. Ça m’a aidé quand je me suis fait voler mon téléphone, il y a quelques jours ! Si j’avais été seule dans mon appartement à Paris, ça aurait été plus difficile à gérer ».

Aida, 27 ans, mexicaine, en master 2 Economie du développement touristique international à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, en alternance

Si Aida étudie aujourd’hui en France, c’est grâce à sa mère, chercheuse : « Quand j’étais petite, elle est venue passer deux mois en France à Polytechnique, pour son doctorat en sciences sociales. Elle m’envoyait des photos de Paris et ça me faisait rêver ! Alors dès 13 ans j’ai décidé d’apprendre le français, en me disant qu’un jour je pourrai venir en France. »

Son premier séjour, en 2018, elle le passe à Evry-Courcouronnes, en banlieue sud de Paris. La jeune femme, qui travaillait dans le tourisme après avoir décroché une licence de gestion touristique, débarque pour être jeune fille au pair : « Mon plan était ensuite de reprendre mes études en master en France, mais le covid et les confinements sont arrivés, et j’ai préféré rentrer au Mexique ».

Ce n’est que partie remise, puisqu’en 2021, Aida revient en France, d’abord pour suivre des cours de français et décrocher le niveau exigé dans l’enseignement supérieur, puis pour faire sa rentrée en master Economie du développement touristique international à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, en septembre 2022. Toujours aussi amoureuse de la France, même si elle sait aussi garder une distance critique : « Les Parisiens sont des gens très pressés, tout va vite ici, mais je me suis adaptée au rythme ».

Aida.
Aida. Sandrine Chesnel

En alternance pour son master 2, Aida passe deux jours en entreprise, dans un hôtel parisien, et trois jours à l’université : « C’est un système qui n’existe pas au Mexique, et que je trouve très intéressant, aussi pour mon budget. Parfois j’ai l’impression que les étudiants français ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont, ici l’université ne coûte rien, il y a la CAF pour les aides au logement, le CROUS pour les bourses et les repas.... Par exemple cet été j’ai dû me faire arracher les dents de sagesse et ça ne m’a rien coûté grâce à la sécurité sociale, mes parents et moi nous étions très étonnés ! »

Autre source d’étonnement pour la jeune mexicaine : l’âge de ses camarades de promotion en master, « ils sont tous très jeunes, 21, 22, 23 ans ! Au Mexique, quand on a une licence, on va travailler, puis quand on a assez d’expérience et d’argent, on fait un master ». Un autre détail surprend encore Aida : la notation. « Au Mexique, on note sur 10, et les professeurs n’hésitent pas à mettre des 10/10, alors qu’en France, les notes sont sur 20, mais on m’a expliqué que je ne pouvais pas avoir 20, le maximum c’est 15, 16, éventuellement 18. Pour moi qui étais habituée à avoir des bonnes notes, c’est difficile ». Au pire, quand elle ne décroche pas la meilleure note, Aida peut se consoler grâce à ses deux plats français préférés : « Les tomates farcies et la raclette ! ».

Seohwan, 30 ans, coréen, en master 2 Management des organisations culturelles à Paris-Dauphine

« Je suis un peu vieux pour être étudiant ! » s’excuse presque Seohwan quand on lui demande son âge et son parcours. Même s’il est ravi d’avoir appris le français, c’est un peu par défaut que le jeune coréen s’est retrouvé en licence de langues : « En Corée, on passe l’équivalent du baccalauréat, mais c’est un concours, pas un examen, et notre note nous donne plus ou moins de choix dans les universités. Avec ma note je pouvais entrer dans une université de langues. J’ai choisi d’y étudier le français parce qu’il est beaucoup parlé dans le monde, et parce que c’est aussi une langue officielle de l’Organisation des Nations unies. »

En 2018, Seohwan découvre la France pour la première fois, grâce à un échange d’un an avec l’université de Tours en licence. De retour en Corée, le jeune diplômé cherche un travail qui lui permette d’utiliser sa connaissance du français, sans succès. « J’ai finalement décidé de reprendre mes études en master Management des organisations culturelles, dans le cadre d’un partenariat entre mon université à Séoul et l’université Dauphine, pour acquérir de nouvelles compétences. » Un challenge pour l’étudiant coréen qui cette année découvre la gestion et la comptabilité, en français.

Seohwan
Seohwan Sandrine Chesnel

Seohwan retrouve ses marques quand il rentre chez lui, à la maison de la Corée : « Ici c’est comme en Corée, très propre, les gens ne se parlent pas, ne se disent pas bonjour. C’est dommage, car j’aimerais bien pouvoir échanger plus avec les autres étudiants. Au moins c’est calme ! » Calme, l’ambiance de son master l’est un peu moins, « parce que les étudiants français posent trop de questions pendant les cours, et on prend du retard sur le programme ! »

Si Seohwan se plaît en France, il est touché par le racisme et les remarques sur son physique. « Il y a moins de diversité en Corée, mais en France, les racistes n’hésitent pas à s’exprimer, alors qu’en Corée ils ne disent rien. » Il en faut plus pour dégoûter le jeune coréen de la France, lui qui a déjà visité pas mal de régions, avec un faible pour les villes moyennes : « Je n’aime pas les grandes villes comme Séoul ou même Paris. Pour vivre, Tours est la meilleure des villes, parce qu’elle est au centre du pays et il y a beaucoup de châteaux autour. » Son préféré ? « Chenonceaux ! Je l’ai déjà visité 4 fois. »

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