Marathon de New York : Frédéric, amputé d’une jambe et Pierre, son orthoprothésiste, vont courir ensemble

Un an après leur premier marathon à Paris, les deux Orléanais se lancent un nouveau défi, avec pour objectif de boucler le chrono en moins de six heures, mais aussi d’alerter sur les difficultés de la profession.

Au delà de la performance, les deux amis orléanais Pierre Gerbelot et Frédéric Lazaro (à droite) veulent alerter sur les conditions d'exercice difficiles de la profession d'orthoprothésiste et la nécessaire revalorisation du métier. LP/ Christine Berkovicius
Au delà de la performance, les deux amis orléanais Pierre Gerbelot et Frédéric Lazaro (à droite) veulent alerter sur les conditions d'exercice difficiles de la profession d'orthoprothésiste et la nécessaire revalorisation du métier. LP/ Christine Berkovicius

Dimanche 5 novembre, Frédéric Lazaro et Pierre Gerbelot, deux Orléanais d’adoption, seront ensemble sur la ligne de départ du marathon de New York. Le premier est amputé fémoral, et utilise une lame de course. Le deuxième est son orthoprothésiste et ami, qui le conseille et l’accompagne dans le choix de ses prothèses.

Les deux hommes n’en sont pas à leur premier défi. L’an dernier, Frédéric a couru son premier marathon, à Paris, avec les valides. Il l’a bouclé en 5h59, déjà avec Pierre qu’il avait entrainé dans l’aventure. Un an et demi plus tard, il veut rééditer la performance, cette fois sur le sol américain.



« Le sport m’a sauvé et ça m’a changé la vie », explique ce presque quinquagénaire, qui a perdu une jambe à 19 ans à la suite d’un accident de moto. « Je m’y suis mis dans les années 2000, d’abord la course, j’ai fait un km, puis 10, puis davantage, ensuite le vélo, puis le triathlon… » Son compagnon d’équipée, lui, n’est pas aussi sportif que son ami handicapé. « J’ai souffert pour finir le marathon de Paris. Cette fois, je me suis mieux entrainé », sourit cet orthoprothésiste, qui a repris Shaeffler Orthopédie en 2015, une entreprise d’une trentaine de salariés installée à Olivet (Loiret). Tous deux courent ensemble « pour le plaisir ». Mais pas seulement. Ils veulent aussi alerter sur la prise en charge des prothèses, orthèses et autres appareils qui aident les handicapés à retrouver de la mobilité.



Les équipements qui permettent de faire du sport, comme ceux de Frédéric, ne sont pas remboursés et coûtent plusieurs milliers d’euros, ce qui exclut de nombreux patients. Par ailleurs, la liste des produits remboursés est ancienne, et ne permet pas aux handicapés de bénéficier des dernières innovations. Et, surtout, les tarifs réglementés, qui n’ont pas bougé depuis 2017, sont désormais trop bas. Du fait de l’inflation, l’orthoprothésiste qui fabrique les prothèses ne s’y retrouve plus. Il voit ses coûts exploser (matières premières, chauffage, électricité, etc.) et ses marges fondre, voire disparaître.

La profession d’orthoprothésiste - ils sont 1 300 orthoprothésistes en France - demande donc une revalorisation de ses tarifs de 10% minimum, ce qui représenterait 32 millions d’euros de plus par an pour l’assurance maladie. Sinon, pronostiquent-ils, de nombreux professionnels risquent de mettre la clé sous la porte, et de laisser au bord du chemin une partie des 850 000 personnes qui ont recours à leurs services