« Ils l’ont massacré » : Alexandre, 10 ans, attaqué par des cochons en Corse

En promenade dans la montagne de Haute-Corse, ce petit garçon a été attaqué par des cochons qui l’ont grièvement blessé, au point qu’il a échappé à une amputation de l’oreille. Sa famille a déposé plainte contre X.

Les mercredis passés à crapahuter sur les chemins de montagne, les après-midi à ramasser des « trucs » et à taper dans les cailloux avec un bâton, le petit garçon a l’habitude. « Mais cette fois, ça a tourné au drame ». À 10 ans, Alexandre a été attaqué et grièvement blessé par des cochons dans les montagnes de Haute-Corse. Si les jours du petit Bastiais ne sont pas en danger, l’élève de CM2 s’est vu délivrer 45 jours d’incapacité totale de travail (ITT). Sa famille a déposé plainte contre X.

Comme régulièrement, Alexandre profite du dernier mercredi avant les vacances de la Toussaint pour aller jouer à Loreto-di-Casinca, le village montagneux de sa famille. « J’étais avec ma tante, on promenait le chien », se souvient timidement le petit brun d’ordinaire plutôt roublard. Mais le petit garçon peine à se remémorer exactement le grave incident. Tout juste se rappelle-t-il « le chien qui n’arrête pas d’aboyer » sur « les cochons qui n’ont pas aimé ». Puis, « ils se sont regroupés et m’ont attaqué ». Tout va très vite : « J’ai eu peur quand ils se sont approchés ». Effrayé, le petit garçon tombe par terre, les bêtes, dont certaines peuvent peser jusqu’à 250 kg, se jettent sur lui. La suite de l’histoire, c’est Pierre, son père qui la raconte.

Impuissante face à la mêlée dans laquelle le petit garçon a été happé, la tante se saisit d’un bâton pour disperser les omnivores en furie. Mais « les cochons étaient tellement excités qu’ils ne réagissaient pas », rapporte Pierre. La tante voit alors un « trou dans la masse », attrape Alexandre par le bras et parvient à l’extirper du troupeau, avant de prendre la fuite en voiture. Le temps de descendre du village pour retrouver les pompiers, le petit garçon est pris en charge par les secours.

Le petit Alexandre a été hospitalisé six jours après avoir été attaqué par des cochons en montagne. (DR)
Le petit Alexandre a été hospitalisé six jours après avoir été attaqué par des cochons en montagne. (DR)

« Je me voyais mourir, je me voyais au paradis », confie Alexandre à son père. Ce dernier se souvient de l’état de son petit garçon et décrit douloureusement : « C’était une scène de guerre, ils l’ont massacré. Il a vu ses chairs, son oreille, son os. Il était couvert de boue, il a été piétiné. Il avait des marques de sabots sur tout le corps… ».

À l’hôpital de Bastia, où le petit garçon séjournera six jours, les médecins constatent l’ampleur des dégâts, qu’ils qualifient de « polytraumatisme » : des blessures qui correspondent toutes à la violence des cochons, selon un rapport médical établi deux jours après les faits.

L’oreille quasiment arrachée

Gravement blessé à la tête, Alexandre souffre notamment de « plaies déchiquetées des pavillons des oreilles, compatibles avec un mécanisme de morsure et de traction ». Après plusieurs heures d’opération en urgence, le petit garçon évitera l’amputation de l’une de ses oreilles, assure son père. Restent une fracture du poignet gauche, elle aussi traitée en urgence au bloc, des dizaines de points de suture, un visage poupon tuméfié comme celui d’un boxeur après un combat.

Dans un rapport médico-légal, les médecins notent ainsi les stigmates d’une rencontre avec des cochons : les signes d’un « piétinement et d’un mécanisme d’écrasement par des pieds de cochon », un « ripage cutané par des dents de cochon » sur l’omoplate, l’épaule droite et « la partie antérieure du thorax ». Sans compter le traumatisme du petit garçon qui ne pourra pas reprendre le chemin de l’école à la rentrée et sera désormais régulièrement suivi par des psychologues.

« C’est un film d’horreur »

Si Pierre croit connaître les propriétaires de ces porcs qui se baladaient en liberté dans la montagne, c’est une plainte contre X qui a été déposée pour « blessures involontaires par personne morale ». Selon le père d’Alexandre, voilà deux ans, un adolescent de 18 ans aurait subi les mêmes violents assauts des mammifères sur le territoire de la commune, mais sans toutefois se tourner vers la justice pour obtenir réparation.

« C’est sordide, je n’ai jamais vu ça, c’est comme un film d’horreur », déplore Nathan Hazzan, avocat dédié à la réparation des préjudices corporels depuis 15 ans. « Si on arrive à trouver les propriétaires des cochons, on mettra en cause leur assurance », prévoit le conseil de la famille d’Alexandre qui souligne « le courage de la tante » qui a permis au petit garçon d’éviter le pire.