Colombie : une partie des 166 hippopotames de Pablo Escobar seront euthanasiés

La ministre colombienne de l’Environnement a expliqué ce jeudi que certains de ces mammifères, jugés envahissants, seront stérilisés, déplacés vers d’autres pays ou euthanasiés.

A Doradal, en Colombie, les hippopotames étaient devenus une attraction pour les visiteurs de l'hacienda de Pablo Escobar et de son zoo privé, transformés en parc thématique sur 400 hectares. AFP/Raul Arboleda
A Doradal, en Colombie, les hippopotames étaient devenus une attraction pour les visiteurs de l'hacienda de Pablo Escobar et de son zoo privé, transformés en parc thématique sur 400 hectares. AFP/Raul Arboleda

Le gouvernement colombien est moins friand d’hippopotames que ne l’était Pablo Escobar. La ministre de l’Environnement a annoncé ce jeudi vouloir euthanasier une partie des 166 hippopotames qui descendent d’une lignée ayant appartenu à l’ex-baron de la drogue colombien. Avec la stérilisation et le transfert d’individus vers d’autres pays, la mort assistée des mammifères qui prolifèrent dans un fleuve local, la Magdalena, sera l’une des trois mesures prises par les autorités pour éviter les dommages causés par cette espèce envahissante.

« La première étape de ce plan de gestion commence » avec « la phase de stérilisation » d’une vingtaine de mâles d’ici à la fin de l’année, a détaillé Susana Muhamad lors d’une conférence de presse. « Une partie » seront euthanasiés, a-t-elle ajouté. Si elle n’a pas délivré de chiffre précis, ni n’a indiqué quand le processus d’élimination pourrait débuter, des spécimens seront également envoyés au Mexique, en Inde et aux Philippines, pays disposés à les accueillir.



Ces herbivores de près de deux tonnes vivent en toute liberté dans la province d’Antioquia, dans le nord de la Colombie, et forment le plus grand troupeau d’hippopotames hors du continent africain. Cependant, les experts disent redouter la survenue d’accidents graves. Des pêcheurs ont été attaqués sur le fleuve et des hippopotames ont fait une intrusion dans une cour d’école près de la ville de Doradal. Selon les biologistes, ces mammifères provoquent le déplacement de la faune locale, notamment du lamantin, une espèce menacée. Les éleveurs de bétail dénoncent, eux, les dommages causés par leurs divagations nocturnes. En avril, un hippopotame a été mortellement percuté par un camion.

Livrés à eux-mêmes à la mort d’Escobar

Pablo Escobar avait agrémenté à la fin des années 1980 le zoo de sa fantasque hacienda, à une centaine de kilomètres au sud-est de Medellin, d’une poignée d’hippopotames. Alors que leur « maître » a été tué par la police en 1993, les animaux ont été livrés à eux-mêmes. Ils se sont reproduits de façon incontrôlée dans une région sillonnée de rivières, de marécages et de marais. Un habitat parfait pour ce mammifère qui reste dans l’eau une grande partie de la journée, avant d’en sortir au crépuscule pour aller brouter l’herbe.

Tandis que des chercheurs de l’Université nationale, un organisme public, estiment que le millier de spécimens pourrait être atteint d’ici à 2035 si cette population n’est pas contrôlée, des organismes de défense des animaux soulignent que la stérilisation entraîne des souffrances pour l’animal et met en danger la vie des vétérinaires. David Echeverri, un représentant de l’organisation qui sera chargée des opérations, reconnaît à cet égard les risques de réaction allergique à l’anesthésie pouvant entraîner la mort de l’animal.