Agressions, vandalismes... dans certains quartiers de Paris, les kiosquiers ont lâché l’affaire

Dans plusieurs quartiers de la capitale, la presse est aux abonnés absents. Focus sur celui qui se trouve à cheval entre les Xe et XVIIIe arrondissements, aujourd’hui presque privé de kiosques.

Fermé depuis 2019, le kiosque de Samir, une figure de Barbes (XVIIIe) qui a renoncé après une agression, sert toujours de support à la publicité. LP/C.B.
Fermé depuis 2019, le kiosque de Samir, une figure de Barbes (XVIIIe) qui a renoncé après une agression, sert toujours de support à la publicité. LP/C.B.

La situation des kiosquiers parisiens est disparate. Il est question de quartier, d’ambiance, parfois d’insécurité. De lassitude, aussi, lorsque les conditions de travail deviennent trop problématiques. Restent, alors, des secteurs entiers privés de leurs boutiques. Et des habitants contraints de parcourir des centaines de mètres pour acheter leurs titres de presse préférés. Focus sur un secteur dense, très peuplé, à cheval entre les Xe et XVIIIe arrondissements.

Aujourd’hui, entre Barbès et Stalingrad, les vendeurs de journaux sont aux abonnés absents. Ou presque. Le premier à avoir quitté les lieux, au pied du métro Barbès-Rochechouart (XVIIIe) ? Samir Lebcher. L’héritier, pourtant, d’une dynastie de kiosquiers. Une famille présente depuis quarante-deux ans. Jusqu’à ce jour de mai 2019.



À la suite de son père Michel, surnommé le maire de Barbès, incontournable figure du quartier, Samir a en effet assuré autant que possible. Lui qui supportait tout faisait office de juge de paix entre les jeunes, qu’il connaissait si bien. Mais il a été victime d’une agression alors qu’il fermait boutique, et n’est plus revenu.

« Je n’ai pas supporté cela », expliquait-il à l’époque sur ses réseaux sociaux, postant une photo de son visage tuméfié. Les élus de tous bords, ses amis du quartier, ont eu beau le supplier de revenir, Samir est resté silencieux. Aussi fermé que les rideaux métalliques de son kiosque.

Plus qu’un distributeur de presse dans les environs

Son édicule, pourtant emblématique, et inauguré, à l’époque, par le Tout-Paris, est désespérément clos depuis quatre ans maintenant. Il n’est désormais plus qu’un support de publicité et va, selon JCDecaux, être bientôt transféré dans le IXe arrondissement. « Un échec évident », se désespère un riverain de la Chapelle, client du kiosque durant de nombreuses années.

Non loin, place de la Chapelle, tous se souviennent d’Uttam Karmoker. L’homme, plein de bonnes intentions, avait pris un kiosque à journaux avec l’espoir de redynamiser un quartier en déroute. Déplacé à plusieurs reprises pour cause de travaux, puis vandalisé, l’édicule n’a pas survécu.



Aujourd’hui, il ne reste qu’un seul distributeur de presse dans les environs, rue Louis-Blanc. « C’est catastrophique, confie un habitant. Pour acheter les journaux, il ne reste que lui, ou le Relay H, qui subsiste encore, gare du Nord. »

L’agression puis le départ d’Uttam, dont le commerce était plébiscité dans le quartier, avaient été vécus comme un véritable drame. Cette petite boutique, évaporée dans un déluge de verre brisé, a laissé anéanti le voisinage, désespéré de voir ce commerçant « mis à mal par le système délictueux qui tient le secteur ».